Kaléidoscope de musées et monuments de par le monde, entre muséologie comparée et tourisme iconographique.

mercredi 14 décembre 2016

MMIPO - Museu da Misericordia do Porto




Entrée 5€, nombreuses réductions à moitié prix. Ouvert tous les jours de 10 à 17h30 (hiver)/ 18h30 (été). Visité le 5 septembre 2016 en 1h15. 

Elu Musée de l’année par l’APOM, l’association des muséologues portugais, le musée occupe ce qui fut les bureaux de l’organisation caritative de la Misericordia du XVIe siècle à 2013. La reconversion semble donc couronnée de succès. 

L'entrée de l'espace d'exposition
On est accueilli dès l’entrée par un personnel très présent (l’appareil photo n’est pas encore allumé qu’on se fait vivement rappeler « no flash ! ») ; on prend un ascenseur jusqu’au 3e étage, d’où on redescend le long d’un parcours bien construit et indiqué. L’accessibilité est garantie par des rampes et des dispositifs adaptés d’un étage à l’autre. Tous les cartels sont bilingues et les lumières n’émettent aucune chaleur. La première impression est donc plutôt bonne.

Vue de l'entrée de la première salle

La première salle s’attache à l’histoire des lieux, divisée en séquences chronologiques et thématiques.
Un premier panneau propose la représentation des sept actes de miséricorde tels qu’entendus par la Bible, évoquant la fonction originelle des lieux. On apprécie la richesse du texte introductif, soutenu par un tableau, dont l’iconographie est bien détaillée : Notre-Dame de la Miséricorde. 

Le texte introductif

La patronne éponyme de l'institution

... et son cartel, bilingue et détaillé.

Les lumières sont modulables, les salles entièrement climatisées et l’atmosphère est contrôlée. Des stores bloquent la lumière directe, des détecteurs de fumée et des extincteurs assurent la sûreté des lieux. On observe peu de dispositifs de mise à distance, ceci étant bien compensé par la présence et la vigilance des agents de surveillance. Le parcours est clair et lisible, complété par une musique d’ambiance discrète mais évocatrice. 

Cette première salle consiste tout de même essentiellement en portraits des grands acteurs et bienfaiteurs de l’institution, et la présentation parvient à être intéressante malgré un sujet de base pas forcément facile. De nombreuses explications sont illustrées efficacement, et des dispositifs intelligents empêchent la monotonie de s’emparer de ce qui pourrait être une banale galerie de portraits. 
Exemple de dispositif intéressant : cet oculo est pointé sur la cathédrale
Ladite cathédrale
Et le cartel affilié

Chaque séquence détaille un volet spécifique des missions de la Misericordia, évoquées par des expôts issus des collections « classiques » (sculptures et peintures), « archéologiques » (rosaires, objets du quotidien retrouvés…) ou d’archives, avec des documents dont on ne sait pas toujours si l’on est en présence d’un original ou d’un fac-similé.
Un des "parchemins" exposés dans cette première salle
... et son cartel, qui le date des XVe-XVIe siècles...
... et cet autre cartel sur le coté. Nous sommes donc en présence d'un cartel qui l'authentifie, et d'un autre qui en fait une copie...
 Le choix de cartels groupés mais sans numérotation rend la lecture peu claire, et si l’effort de  faire des textes et cartels bilingues est très louable, nous observons parfois des traductions anglaises un peu bancales. 
Exemple de vitrine liée à l'activité de soins
Et sa planche de cartels
 La première de ces missions fut la gestion d’hôpitaux, On découvre ensuite l’aide aux prisonniers, menée dès 1594, qu’elle soit médicale ou judiciaire, puis l’aide et l’hébergement des plus pauvres, l’assistance aux aveugles, par la fondation d’écoles et d’imprimerie spécifiques, et enfin la tenue d’orphelinats, notamment à travers la personnalité d’Antonio Carneiro, peintre expressionniste issu d’une de ces institutions.
Avant de quitter cet étage, une vidéo présente la multitude d’activités toujours chapeautées par la Misericordia de Porto, créant une continuité intéressante entre les missions menées au fil des siècles et son insertion dans le contexte actuel. Par contre l’écran est installé dans un lieu de passage, sans siège en face.

En revenant sur nos pas, on pénètre dans la deuxième salle du 3e étage, galerie de portraits des donateurs et mécènes de la Misericordia. Un écran tactile permet de feuilleter le livre d’honneurs des bienfaiteurs du XXe siècle. Un panneau intitulé « bienfaiteur du mois » permet de découvrir une personnalité de Porto. A l’envers de la galerie sont évoqués les bienfaiteurs anonymes. 

Le texte introductif de cette deuxième salle
Les bienfaiteurs de la Misericordia
Un écran tactile permet de naviguer dans les archives numérisées d'hommages aux donateurs
Le "bienfaiteur du mois"
On emprunte ensuite un escalier pourvu d’un puits de lumière pour descendre au 2e étage et à la troisième salle du parcours muséographique, consacrée aux collections de peinture et sculpture de l’institution, qui s’étendent du XVe au XIXe siècle. 

La cage d'escalier moderne sur un coté du bâtiment, une excellente manière de rendre intégralement accessible un monument historique

La salle de Beaux-arts, petite mais riche
 La présentation est aérée, compréhensible, et les cartels développés sont foisonnants d'informations, tout en restant intelligible ; ils détaillent les iconographies, expliquent la présence d’une œuvre dans la collection ou créent un lien entre différents expôts. Quand des œuvres présentent un envers, elles sont accrochées de manière à ce qu’on le voit. En bref, un ensemble beau et didactique à la fois, vulgarisant sans simplification, tout ce qu’on aime.

Des panneaux de procession exposés de manière originale...
... afin de pouvoir profiter de leur envers également.
On peut tout de même déplorer l'absence d'éléments de datation et le manque d'identification des artistes, souvent restés anonymes ; par manque d'informations ou par manque de recherches ?
Le plus grand format de la galerie
Une analyse stylistique qu'on retrouve rarement dans les cartels détaillés, mais une fiche d'identité relativement incomplète
La quatrième salle, au 1er étage, abrite le Trésor que toute église qui se respecte se doit de posséder, composé essentiellement de pièces d’orfèvrerie et vêtements liturgiques. Les objets sont classés typologiquement (crucifix, calices…). Un texte explicatif précise qu’il ne s’agit que d’une petite partie de la collection.

Impossible de se perdre !
 
La salle du Trésor
La cinquième salle s’attache à l’histoire de l’église, jouxtée au musée, que nous visiterons en dernier. Une séquence rappelle l’évolution des décorations intérieures et les différentes apparences que peut avoir une église, notamment par l’accrochage de trois grands panneaux de retables. A coté de la cimaise on peut observer un petit diorama les restituant à la place originale dans l’église.

Le retable en question
Tentative de photographie du diorama ; un peu compliqué !
La sixième salle, située dans les anciens bureaux de l’institution, encore en service quelques années plus tôt, évoque l’administration historique de la Misericordia, dans un décor XIXe finement restauré.
L’éclairage, assuré par de grandes barres verticales de LED est un peu en décalage de cette period room mais garantit une luminosité douce.

Vue de la sixième salle
La septième et dernière salle de l'espace muséographique n’est pas des moindres. On trouve enfin des sièges pour se reposer, mais surtout pour admirer le grand tableau intitulé Fons Vitae auquel elle est consacrée. 
Vue de la septième salle et son clou du spectacle, les Fons Vitae
Ce retable exceptionnel des années 1515 est de facture flamande et illustre, selon les dires du musée « la vitalité des échanges » entre Porto et les Flandres à la Renaissance. De longues explications sont consacrées à cette iconographie très particulière, entre ésotérisme et propagande royale. Au verso du tableau est visible la radiographie de l’ouvrage, réalisée il y a quelques années durant une campagne de restauration. Elle permet de comprendre la structure de l’œuvre (un panneau de 267 x 210 cm  demande une construction complexe !) et d’observer des repentirs et des modifications iconographiques ou stylistiques. 
Le cartel détaillé...
... et la vue de l'arrière du tableau.
Une œuvre contemporaine opère un contrepoint aux Fons Vitae, le My blood is your blood de Ruy Chafes. Rappelant l’iconographie du tableau, autour du sang christique, l’œuvre crée un pont entre l’espace intérieur du musée et l’espace public urbain ; ce faisant, il lance un questionnement intéressant sur le rapport du public à l’institution, que l’on pense à l’œuvre caritative qui exerça entre ces murs durant des siècles, ou au rôle nouveau qu’elle se propose d’endosser ces dernières années en tant que musée. 

My blood is your blood, vu depuis l'intérieur de la salle
La partie extérieure de l'oeuvre d'art
... et son cartel.
Le parcours muséographique à proprement parler est fini, mais pas la visite. On a ensuite le plaisir de se promener dans un préau fin XIXe/début XXe en fer forgé et carreau ciment, abritant une exposition de sculptures par le même Ruy Chafes. 

Vue depuis la sortie de la septième salle
Le rez-de-chaussée sert d'espace d'exposition temporaire
Dans une alcôve est projeté un film d’animation 3D immersif, sur l’urbanisme et le développement du quartier autour de l’église de la Misericordia. Le son n’est pas très bon, le graphisme n’est pas incroyable, mais l’effort est louable. 

Difficile de rendre un film en photo, mais l'idée est que l'on se promène dans le quartier de la Misericordia au XVIIIe siècle, en remontant depuis les rives du fleuve
 Enfin, on accède par ce même préau à la sacristie, une petite chapelle, et l’église, dont la fondation date du XVe siècle, mais qui fut largement remaniée au XVIIIe siècle par les bons soins de Nicolau Nasoni, architecte et décorateur phare du Porto baroque.

L'église, parée de ses azulejos bleus et blancs
La sacristie
             Pour être tout à fait honnête, nous sommes allés voir ce musée un peu à reculons, après plusieurs jours de promenade intensive, donc les mollets lourds, et le thème ne nous excitait pas plus que ça ; mais le « label » Musée de l’année décerné par l’AMOP a chatouillé notre curiosité, qui a été plus forte que la fatigue. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on ne l’a pas regretté. Il s’agit vraiment d’un beau musée, que ce soit par l’architecture, respectée dans son intégrité malgré une accessibilité totale, les collections, qui contiennent quelques très belles pièces mais qui sont surtout très bien mises en valeur, et surtout la muséographie, moderne, aux standards de conservation préventive respectés et à la médiation intelligente. 
                 Bref, un bel exemple de réussite de valorisation du patrimoine comme on aimerait en voir plus souvent.

Pour en savoir plus :

mardi 15 novembre 2016

Museu Nacional Soares Dos Reis, Oporto, Portugal

Ouvert du mercredi au dimanche de 10h à 18h, le mardi de 12h à 18h. Entrée 5€, réductions pour les étudiants, gratuité le premier dimanche du mois.
Visité le 4 septembre 2016 en 2 heures.
L'accueil du musée
Le Museu Nacional Soares Dos Reis est le musée de Beaux-arts de la ville de Porto. Il est installé dans un palais néo-classique de la fin du XVIIIe siècle, dit Palacio dos Carrancas, qui abrita la riche famille Moraes et Castro et sa manufacture d’ornementations en or et argent, avant de recevoir en 1942 les collections municipales. D’importants travaux de modernisation et de rénovation eurent lieu dans les années 1990 afin de garantir un meilleur cadre muséologique et une accessibilité à tout le bâtiment pour les visiteurs handicapés. Ces travaux permirent également de réunir sous le même toit les collections d’arts décoratifs.

L'accès aux étages et aux collections
En pénétrant dans le musée, on est d’abord charmé par la beauté classique de ce palais, sa cour aux azulejos traditionnels et sa superbe cage d’escalier. Le personnel est souriant, polyglotte et accueillant. Des casiers gratuits en libre service permettent d’améliorer le confort de visite.

En pénétrant dans les espaces d’exposition, on note tout de suite que la modernisation des lieux n’est pas allée jusqu’à remplacer les anciennes huisseries par un double vitrage plus performant énergétiquement. Et si on se voit distribuée une brochure-plan du musée en anglais à la billetterie, les textes de présentation des départements sont tout en portugais. Dans la première partie du musée, à l’aspect plus neuf, les cartels sont bilingues portugais/anglais ; ils incluent des informations techniques, ce qui n’est jamais pour nous déplaire, et le numéro d’inventaire.
L'entrée du département de beaux-arts et son texte de présentation
        
La même salle vue sous un autre angle et ses installations de sureté
Les premières salles proposent des œuvres romantiques et réalistes du début du XIXe siècle. Les tableaux sont groupés par thématique : portrait, scène de genre, peinture d’histoire… La collection comporte beaucoup de portraits.
La première salle de peinture
Tout d'un coup, une nature morte est particulièrement mise en exergue, dans une position centrale ; pourquoi ? Est-ce un tableau célèbre ? L’exposition souffre d’un manque d’explication. Une deuxième nature morte est accrochée sur un coté de la salle. Y a-t-il u manque d’œuvres de ce type pour faire une présentation plus fluide ? Le rendu est assez étrange, d’autant qu’elle nous fait faire un bond dans le temps, jusqu’au siècle suivant.

 

Après deux salles à dominantes de portrait, on pénètre dans une salle de peinture d’histoire. On y remarque d’intéressants portraits à la gouache sur ivoire.
La petite vitrine de peinture sur ivoire
Un des plus beaux tableaux de cette première partie du département
Et son cartel...
N’étant pas fins connaisseurs de l’art  portugais, nous sommes un peu perdus dans ces premières salles. Peut-être une meilleure mise en valeur des noms des artistes permettrait une lecture plus claire.
            Nous finissons par remarquer un ingénieux choix muséographique ; les autoportraits sont mis en valeur sur des cimaises en bois, par rapport aux cimaises peintes qui supportent les autres tableaux.
L'autoportrait est bien différencié des autres portraits par son accrochage
Bravo pour l'accessibilité !
Nous avons noté plus haut l’absence de double de vitrage ; nous ne remarquons de toute façon aucun contrôle atmosphérique. Les fenêtres et les portes sont ouvertes sur l’extérieur. Des radiateurs sont installés pour la saison froide. Il y a de nombreuses prises électriques dans les salles, peut-être pour permettre le branchement de déshumidificateurs volants ? On note la rareté des dispositifs de mise à distance. Des stores aux fenêtres bloquent la lumière naturelle directe. Des caméras et des détecteurs de mouvement et des dispositions anti-incendie assurent sécurité et sûreté du bâtiment.
Déjà des petits soucis dans les salles rénovées
            Passons aux salles suivantes qui nous emmènent plus avant dans le XIXe siècle. Dans la première, nous abordons le développement du genre du paysage, à travers l’œuvre de Silva Porto, qui voyage notamment en Normandie, en Belgique et à Fontainebleau. Dans la seconde, consacrée à la seconde moitié du XIXe siècle, sont mêlés portraits, paysages, peinture d’histoire, scènes de genre, et même un bronze.

La salle Silva Porto

Un des nombreux paysages de Silva Porto
Et son cartel
            Nous arrivons d’ailleurs à la sculpture, par une première petite salle, aux murs délabrés par l’humidité, qui abrite un marbre tout seul. Aucun texte n’explique cette mise en exergue, mais le cartel nous apprend le nom du sculpteur : Antonio Soares Dos Reis.

En pénétrant dans la galerie éponyme, nous en apprenons plus sur l’artiste qui donna son nom au musée de Beaux arts de la ville. Cette galerie vitrée qui donne sur le jardin, pourvue de confortables fauteuils pour une petite pause au milieu de la visite, expose quelques objets personnels du sculpteur, des plâtres d’études, quelques moulages sur nature qui nourrissaient son processus créatif, et un grand bronze.
La galerie Antonio Soares Dos Reis
Au milieu de la galerie, on accède à une deuxième grande salle abritant ses marbres et ses bronzes de tailles plus conséquentes.
Les grandes pièces de Soares Dos Reis
Le superbe Exil en marbre
Et son cartel
Cette salle ouvre sur un grand espace d’exposition temporaire, tout neuf, accessible par une longue rampe. Notre connaissance du portugais étant assez limitée, nous avons pu nous tromper, mais il s’agirait de l’exposition collective de fin d’année des étudiants de l’école de Beaux-arts de la ville, dans la plus part tradition du musée de Beaux-arts du XIXe siècle ; édifier les apprentis artistes, et leur offrir à leur tour visibilité. Cependant, on déplore l’absence de texte de présentation et de cartels bilingues. Les œuvres, tailles et media sont très variés, mais on suppose que ces derniers offrent un genre de cohérence à la disposition des expôts.
L'espace d'exposition temporaire et sa rampe d'accès
             Ressortons maintenant de la salle d’exposition temporaire et traversons les deux salles consacrées à Suares de Dos Reis, pour rejoindre le parcours initial et la peinture de la seconde moitié du XIXe siècle, plus particulièrement le paysage et la scène de genre. Là, nous trébuchons sur des écuelles d’eau posées sur le sol du musée ! S’agit il d’une tentative d’humidification de l’atmosphère ? Nous n’avons pourtant observé jusque là aucun capteur hygrométrique.
Un "humidificateur" qui ne répond pas vraiment aux standards de sécurité de la conservation préventive
Vue plus large de la même salle
Dans une première salle, on découvre les œuvres de Henrique Pousao. Certaines de ses œuvres ont été victimes d’une campagne de réencadrement moderne, en bois brut très large, qui mange la toile plus qu’il ne la valorise - à notre goût en tout cas.
Les petites toiles d'Henrique Pousao
La salle suivante expose les œuvres de Sousa Pinto et Aurelia de Sousa. L’autoportrait de cette dernière est d’ailleurs le premier que nous voyons qui n’ait pas sa cimaise en bois qui le distingue au premier coup d’œil des autres portraits.
La salle Pinto-De Sousa, organisée autour de l'hypnotique Autoportrait d'Aurelia de Sousa
Nous nous attendions à voir plus d’œuvres de cette grande artiste, mais il s’agit de quelques petits formats, essentiellement de la peinture d’histoire ou religieuse de facture assez originale.
Les toiles bibliques d'Aurelia de Sousa
Et leurs cartels
Quelques autres artistes complètent la salle, comme Artur Loureiro et son Portrait d’un roi australien, qui, en sa qualité de nouvelle acquisition dispose d’un cartel développé. L’autoportrait de Loureiro n’a pas non plus de cimaise distinctive ; nous en concluons qu’il s’agit d’une nouveauté, tout comme les cartels bilingues, qui n’a pour l’instant été installée que dans la première moitié du département de peinture.

Dans le couloir suivant, un humidificateur mobile plus orthodoxe
Une salle dédiée à la mission éducative du musée
Nous pénétrons maintenant dans les trois dernières salles consacrées à la peinture et la sculpture de la première moitié du XXe siècle, exposant divers peintres dont Jorge de Oliveira, et un premier texte explicatif consacré à la salle !
La première salle d'art moderne
 

 

Toute une page d'explications consacrée à la salle ! Mais tout en portugais...
Dans la toute dernière salle de l’étage, nous passons abruptement aux arts décoratifs avec une petite touche d’histoire du bâtiment et de la fabrique de passementerie qu’il abrita. Malheureusement, il s’agit surtout de texte, entièrement en portugais, donc nous ne nous y attardons pas.
 
Ces grands panneaux en font la salle la mieux pourvue en textes de tout le musée, mais encore une fois, uniquement dans l'idiome national
            En reprenant le bel escalier néoclassique, nous montons au deuxième étage pour visiter l’exposition permanente d’arts décoratifs. Cage d’escalier et palier abritent des œuvres contemporaines de manière temporaire, dont une impressionnante sculpture équestre en gaffer et matériaux recyclés. Malheureusement, encore une fois, les explications sont en portugais uniquement.


            Dans de grandes salles joliment restaurées, aux parquets massifs et aux peintures murales néoclassiques, se déploient de riches collections de céramique, de meubles et d’orfèvrerie, disposées par technique. Le sens de visite ne nous paraît pas évident au premier abord ; en même temps, a-t-on réellement besoin d’un parcours guidé dans une collection d’arts décoratifs, d’autant plus en l’absence de textes et de scénario clair ?
Les céramiques sont groupées géographiquement et chronologiquement
Les belles salles d'arts décoratifs rappellent le passé glorieux du bâtiment

 

Les collections sont très éclectiques

En tout cas, les salles sont mieux conservées et mises en valeur qu’à l’étage des beaux-arts. Les collections comprennent notamment de belles céramiques chinoises et deux portraits de Clouet, et une galerie aveugle comportant de belles pièces d’orfèvrerie.

A noter que les Clouet sont exposés dans le département d'Arts décoratifs et non à l'étage des Beaux-arts
La salle consacrée à l'orfèvrerie
La galerie de verrerie
Dans cette dernière, les expôts sont réunis par formes et fonctions et pourvus de cartels groupés, encore une fois tout en portugais, et très difficiles à relier aux bons objets. Notons encore une galerie de verrerie et une vitrine de pièces archéologiques.
Nous avions déjà constaté la rareté des dispositifs de mise à distance ; nous observons ici des chaises, identifiées comme expôts par des cartels, mais sans aucun panneau d’interdiction de s’asseoir. Les meubles sont juste légèrement surélevés par des cales pour signaler leur appartenance aux collections. 

Nous voyons d’ailleurs une maman montrer allègrement le bon exemple *hum* à sa fille en l’invitant à tripoter un cabinet marqueté du XVIIIe siècle, confortée par le peu de gardiens présents dans les salles. Nous finissons par dénicher un petit panneau « ne pas toucher » (seulement en portugais pour s’accorder au reste du musée) sur un instrument de musique. A cet étage, nous croisons aussi deux brumisateurs, mais toujours pas de capteurs thermiques ou hygrométriques.
Les instruments de musique en question
Et enfin, une consigne claire et nette !
Avant de quitter le musée, nous pouvons retourner au rez-de-chaussée profiter d’un café et d’un pastel de nata sur l’agréable terrasse installée dans le jardin. Une grande boutique propose livres, reproductions et objets d’art.
           
Le patio du palais, qui accueille la terrasse du café
Pour résumer cette expérience de visite, nous avons été un peu déçus. Porto ayant été capitale européenne de la culture en 2001 (date à laquelle le musée a rouvert après une décennie de travaux), nous en attendions beaucoup de son musée de Beaux-arts ; peut-être trop. Nous sommes toujours désappointés de trouver de « grands » musées développés uniquement dans l’idiome national, et péchant sur la médiation. Car même si nous parlions portugais, la rareté des textes aurait été un frein à notre visite.
Il est également dommage de constater un réel effort de la part des responsables du musées, qui ont l’air de tenter de moderniser la muséographie, mais qui doivent être freinés par les budgets puisque ces innovations sont installées petit à petit, une salle à la fois, sans pouvoir être déployées dans tout le musée, tout à la fois.
A noter également que dès la deuxième salle, une agente de surveillance est venue nous proposer, dans un français tout à fait honorable, un questionnaire recto-verso à compléter sur notre visite ; nous l’avons consciencieusement trimbalé pendant deux heures avant de le déposer à l’accueil, mais il eut été plus constructif de le distribuer à la fin du parcours, et de l’étoffer un peu – heureusement qu’il comportait une section ouverte de commentaires, sinon les informations récoltées nous eussent parues bien maigres ! Un effort d’enquête qui montre une réelle volonté d’améliorer l’institution muséale en prenant en compte la voix du visiteur, mais qui semble encore balbutiante.
Enfin, sur le point de la conservation préventive, qui nous tient à cœur, de réelles améliorations pourraient être apportées…
Bref, un bel écrin pour de belles collections, mais dont la médiation et les conditions de conservation nous paraissent insuffisantes, malgré une équipe muséale qui semble motivée à bien faire son travail.

Pour en savoir plus :
Le site du Musée Soares dos Reis