9000 sums par personne (un peu moins de 3€)
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Une statue d'Ouloug Bek nous accueille à l'entrée du complexe |
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L'ensemble est perché sur une colline, entouré de beaux jardins |
Situé au Nord-est de Samarkand, à
un peu plus d’un kilomètre de l’ensemble archéologique d’Afrosiyob, le site de
l’observatoire d’Ouloug Bek est l’un des lieux les plus emblématiques de la
grande histoire ouzbèke.
L’empereur-astronome, petit-fils
de Tamerlan, y fit construire dans les années 1420 le plus grand observatoire
astronomique du monde connu. De l’immense complexe qu’il fit édifier ne
subsiste qu’une portion de son gigantesque sextant ; un arc de pierre de
seize mètres, gradué sur toute sa longueur, représentant une poignée des 90
degrés originaux. Parmi les travaux qui firent la renommée de l’observatoire,
en tant que centre majeur de recherche et d’enseignement, on peut citer les
Tables Sultaniennes, recensant plus d’un millier d’étoiles, qui firent autorité
en matière d’astronomie pendant plusieurs siècles (des
copies des Tables sont conservées dans le musée, les originales étant à
Oxford).
L’histoire glorieuse de
l’observatoire prend brutalement fin en 1449, lors de sa destruction par des
fanatiques religieux.
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La toiture moderne qui protège le sextant du XVe siècle |
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A l'intérieur, l'arc de pierre, seul vestige des immenses outils astronomiques construits par Ouloug Bek |
Le site fut oublié pendant des
siècles, puis redécouvert en 1908 grâce à la persévérance d’un archéologue
amateur russe, qui à force de recherches et de croisement entre les textes
classiques et la géographie locale, exhuma les restes du sextant.
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La tombe de l'archéologue à qui on doit la redécouverte du site, enterré tout près de l'observatoire auquel il dédia sa vie de recherches |
Le musée est inauguré en 1970,
dans un bâtiment moderne reprenant en petit le modèle de la médersa.
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La pseudo-médersa qui abrite le musée |
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Au dessus de la porte d'entrée, le panneau de l'issue de secours, noyé dans le carrelage imitant les mosaïques timourides |
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La première salle du musée |
Le musée est un exemple de
muséographie réussie dans le paysage ouzbèke, très bien entretenu, sûrement
récemment rénové compte tenu de son excellent état : climatisation en état
de marche (bien que les portes du musée soient grandes ouvertes, mais la
température semble relativement stable), éclairage modulable et neuf, mobilier
muséographique récent, pourvu de serrures, détecteurs d’incendies installés
dans toutes les salles.
Bien sûr, on y est accueilli à
l’entrée par un portrait et une déclaration d’Islam Karimov, de même qu’au musée
de Tashkent, Ouloug Bek étant un des fers de lance de la construction de l’identité ouzbèke,
un des nouveaux héros de la nation en quête d’une histoire glorieuse.
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La photo et la déclaration du "président" à l'entrée du musée |
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Un peu de comm' sur les succès de l'exploration spatiale ouzbèke |
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Un musée tout neuf |
Les collections sont très
variées, bien que centrées autour de la personnalité du souverain timouride et
de sa passion pour l’astronomie : médailles à son effigie, timbres,
matériel astronomique, photographies de ses différentes constructions (par
exemple la médersa d’Ouloug Bek à Boukhara)…
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Un aperçu des collections |
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Un astrolabe, et ci-dessous son cartel |
De grands panneaux explicatifs
composent le musée en séquences, mêlant texte (bilingue anglais et ouzbèke) et
images. Certains de ces panneaux comportent même des miniatures originales du
XVIe siècle, là où on s’attendrait à trouver des reproductions.
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Un des panneaux explicatifs, avec photographies et peintures originales |
La collection d’instruments
astronomiques, ancienne, est belle et variée. Lui répond une série de maquettes
des différents dispositifs qu’Ouloug Bek avait fait élever sur le site de
l’observatoire.
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Vue en coupe de l'observatoire |
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Maquette de l'observatoire |
On trouve également quelques
vitrines un peu plus « hors sujet », comme des instruments de musique
de l’époque du monarque ; il s’agit en fait d’une section insistant sur
son rôle en tant que mécène des arts, et illustrant l’apogée culturelle sous
son règne.
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La deuxième section du musée |
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Miniatures XVe siècle montrant des tenues militaires (cartel ci-dessous) |
Comme dans les autres musées
ouzbèkes, on retrouve ce goût pour la « reconstitution historique »,
et les gravures de guerrier en tenue d’époque.
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Gravure moderne montrant Ouloug Bek en chef militaire accompli, de retour d'une campagne victorieuse |
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Le cartel correspondant |
Parmi les plus beaux expôts,
j’aime beaucoup les copies de pages du Book of constant stars, conservé à la Bibliothèque Nationale de France
à Paris.
Loin de nous l’idée de parler de
propagande… mais le musée ne fait aucune évocation de la grogne sous le règne
d’Ouloug Bek, considéré comme un bien mauvais administrateur des biens du
royaume, et de sa terrible fin, assassiné par son propre fils. Taire ce type
d’informations nous rappelle la mise en exergue du personnage d’Amir Timur,
modèle du prince vertueux, dans d’autres monuments ou musées ouzbèkes.
S’il y aurait une autre critique
à émettre, le musée est victime de son succès, et très fréquenté. Il est
parfois difficile d’accéder aux vitrines ou de se concentrer sur un cartel.
Donc plutôt une critique en forme de bonne nouvelle.
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A la sortie du musée, un petit mot du président Karimov, sous un portrait d'Ouloug Bek |
Pour conclure, un très beau
musée, neuf, installé dans un cadre agréable, qui traite d’un sujet
intéressant, soutenu par de belles collections ; il faut cependant garder
à l’esprit que ce type de musée monographique dans ce type de régime politique
n’est pas innocent, et savoir rester critique, et compléter les informations
glanées durant la visite.
Liens utiles :
L'article Wikipédia sur les
Tables Sultaniennes
Un article sur la
Construction identitaire ouzbèke de Karine Gatelier