Aussi appelée « Pink
Church » en raison de sa peinture extérieure rose et blanche, Notre-Dame
des Anges, bâtie entre 1851 et 1855 par Louis Guerre, siège au cœur du quartier
français de Pondichéry, en face de la place Jeanne d’Arc.
A l’entrée, sur le portail, un
panneau signale la présence de la VMF, Vieilles Maisons Françaises, une
association française de sauvegarde du patrimoine, que je suis ravie de
retrouver si loin de la métropole. L’apparence très neuve de la peinture
suggère une église peinte et repeinte ; un choix amusant s’il est fait
sous le regard d’une association impliquant une certaine idée de la
conservation-restauration. Apparemment, l’aspect particulièrement brillant et
lisse de cette façade est due à la recette employée, un mélange de coquille
d’œuf et de plâtre.
Renseignements pris, Les Amis du Patrimoine Pondichérien,
association locale de sauvegarde et mise en valeur du patrimoine, ont entrepris
sa restauration de septembre 2009 à mars 2011, et VMF ont subventionné une partie
des travaux.
En entrant, on découvre un espace
très frais en contraste de l’extérieur ensoleillé et écrasé de chaleur, aux
teintes pastels, bleues, roses, jaunes, sorte de relecture indienne des
couleurs du rococo allemand.
Les fenêtres ouvertes laissent circuler l’air et
entrevoir les branches des frangipaniers en fleurs et le linge qui sèche dans
le jardin de l’église. Je soupçonne ce dernier d’être habité, comme la plupart
des bouts de jardin présents en ville. Les fenêtres ouvertes laissent aussi
entrer les corbeaux, qui discutent dans l’église, l’un sur un ventilateur,
l’autre sur une fenêtre, un troisième sur l’autel.
L’église présente un plan en
croix latine ce qu’il y a de plus classique, une voûte à caissons en
encorbellement, et un dôme surmontant la croisée du transept. Dans ce dernier,
de belles stalles en bois. On peut admirer également le sol en marbre de
l’église, qui forme un grand échiquier, et peut-être l’élément le plus sobre
dans l’édifice.
L’évidence même en se promenant
dans cette église, mais c’est en fait le cas dans la plupart des édifices
religieux dans ce pays, c’est à quel point la foi est vivante. Les statues sont
toutes parées et entourées d’offrandes ; pendant notre balade, un couple
d’indiens est venu faire des dévotions devant chaque statue, sur laquelle ils
frottaient une enveloppe scellée de résultats médicaux, pour la bénir avant de
l’ouvrir. Les ventilateurs et les haut-parleurs confirment la fréquentation de
l’église. En me documentant, je découvre un joli fait ; c’est la seule
église de la ville où la messe est célébrée, tous les dimanches, en trois
langues : tamoul, anglais et français.
Copie de la Vierge de Velankanni, idole adorée dans le village du même nom, déclaré ville sainte par le Vatican, et très important sanctuaire marial. Cette Notre-Dame est adorée tant par les chrétiens que les hindous et les musulmans.
Instant de couleurs dans le transept de l'église ; le soleil y joue une grande importance, puisqu'un de ses premiers rayons frappe l'autel chaque matin pour la première messe.
La force de la pratique
religieuse et de la foi en Inde posent d’importantes questions aux acteurs de
la conservation. A partir de quel moment un objet patrimonial doit-il sortir du
culte pour favoriser sa conservation au nom de la perpétuation de la
mémoire ? Le priver de sa fonction est-il le bon choix ? Est-il
possible de concilier sauvegarde du patrimoine et liturgie vivante ?
Il est surement possible de
réfléchir à des moyens de faire cohabiter ces deux valeurs au sein d’un même
espace, si tant est qu’existe une volonté locale d’y réfléchir, et de mettre en
place des aménagements dans ce but.
Dans ce cas précis, c’est
surement la vie du bâtiment, et la continuité d’une tradition religieuse forte,
qui ont permis d’intéresser les gens au sort de l’église et de motiver les
restaurations.
Liens utiles :
Site des Amis du Patrimoine Pondichérien, avec le détail des restaurations de l'église
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