Kaléidoscope de musées et monuments de par le monde, entre muséologie comparée et tourisme iconographique.

mercredi 4 décembre 2013

Le Temple de la Littérature, Ha Noï, Viêt Nam



20.000 VND par personne (environ un dollar), temps de visite : on peut facilement y traîner une heure et demie.

Le portail d'entrée

Ce petit musée est installé dans l’université confucéenne située au fond du complexe dédié à la littérature, composé de cinq cours. Fondée en 1070, cette université est la plus ancienne du pays. Elle s’est vue agrandir au fil des siècles par les dons de différents empereurs. Lieu emblématique de la capitale vietnamienne, il est classé aux Monuments Historiques sous le Protectorat français en 1906, et on le retrouve sur les billets de 100.000 dongs.

Faisons une petite visite guidée du complexe avant d’en venir au musée.

La première cour est un simple jardin, traversé de trois allées, comme souvent dans l’architecture vietnamienne, l’allée centrale étant réservée selon les cas à l’empereur ou aux membres les plus hauts gradés qui fréquentent l’endroit, et les allées latérales aux plus simples mortels. 

La première cour
 
On passe dans la deuxième cour au choix par la porte des Talents Accomplis, la porte Dai Trung, ou la porte de l’Acquisition de la Vertu. On y découvre un petit jardin et, au fond, une salle de réunion datant du début du XIXe siècle, le pavillon de la Constellation des Lettres. 


De grands panneaux en laque rouge proposent des explications sur le site en trois langues  : vietnamien, anglais et français. Les textes sont d'assez bonne qualité.
 
On traverse le pavillon pour accéder à la troisième cour, qui s’organise autour du lac de la Clarté Céleste. Il est entouré à gauche et à droite par les stèles de docteurs. Ces dernières portent les noms des docteurs récompensés par l’académie confucéenne sous les dynasties Ly et Mac, soit de 1442 à 1779. Elles sont au nombre de quatre-vingt deux, distribuées en quatre groupes de vingt, plus deux stèles mises en valeur chacune sous un édicule particulier ; elles sont toutes uniques, en pierre, souvent monolithes, et reposent sur le dos d’une grande tortue, symbole de longévité. De l’ensemble original, trente-quatre ont aujourd’hui disparu.  

Le lac de la Clarté Céleste


  
On quitte les tortues pour passer sous la Porte de la Grande Synthèse, et découvrir la quatrième cour, et son temple à Confucius et ses disciples. Le saint des saints du temple, aujourd’hui ouvert à la visite, bien que toujours en usage, était autrefois le lieu le plus sacré, son accès étant même interdit à l’empereur. 

Nous avons visité l'ensemble un jour où des jeunes diplômés fêtaient leur graduation ; l'université musée sert donc encore à la célébration de l'enseignement et de l'éducation.

L'entrée du temple de Confucius, avec ses grues psychopompes


Confucius lui-même

Accompagné de ses disciples les plus vertueux

Le trône de Confucius

Des répliques de tambours Dong Son, objets emblématiques de l'Antiquité vietnamienne

Passage entre le temple et l'académie

 
Par l’arrière du temple, on accède à des pavillons de cérémonie, la cinquième cour, et un grand pavillon qui abrite le musée lui-même. Les collections sont réparties autour de quatre statues de culte, encore adorées aujourd’hui : au rez-de-chaussée, un mandarin, à l’étage les statues de trois rois. 

Le pavillon de l'université, qui abrite le musée


L'autel du mandarin qui trône au centre du musée


Au premier plan, le râtelier d'armes liturgiques qui accompagne tout autel vietnamien digne de ce nom, au second plan la maquette du site, puis l'escalier qui mène à l'étage
Les collections sont éclectiques, mais plus ou moins liées à l’histoire de l’université. Beaucoup de photographies par exemples, que ce soient des images anciennes du complexe, des clichés de la visite d’Ho Chi Minh, ou des photographies présentant les états avant et après restauration.

J’apprécie beaucoup la mise en parallèle de photos anciennes et de dessins traditionnels représentant des scènes de la vie de l’université, comme l’affichage des résultats aux concours.


Il faudra me croire sur parole ; une photo fin XIXe montre presque exactement la même scène, le parallèle est amusant
 On y observe également les relevés et les résultats de fouilles archéologiques, notamment de la vaisselle du XIe au XIXe siècle. 


Les cartels, un peu léger en informations, sont au moins bilingues

A coté de la vaisselle de collection trône la collection de vaisselle des gardiens

 Plusieurs vitrines sont dédiées aux possessions des occupants des lieux : costume de tous les jours, costume de cérémonies, matériel d’écriture, rouleaux de parchemins, liste des noms des étudiants… 

 

Des maquettes présentent le site tel qu’il s’élevait au Moyen Âge (au rez-de-chaussée) et tel qu’on le visite maintenant (au premier étage).

En haut, on peut allumer un bâton d’encens aux statues des trois rois donateurs, ou lire les panneaux reprenant pour chacun leur biographie. On accède également à un balcon d’où on a une jolie vue sur le complexe, et sur le système de tuiles vernissées traditionnel.


 
Le musée est entièrement ouvert, portes et fenêtres, et le système de climatisation de l’air est éteint ; mais il existe, et il est joliment camouflé, à l’intérieur et à l’extérieur du bâtiment, dans des caissons de bois qui respectent assez bien l’unité visuelle du bâtiment.

On aimerait trouver toujours d'aussi jolies clims !

On croise des gardiens à peu près partout, discrets mais vigilants.
L’ensemble abrite les habituelles boutiques de souvenirs (nombreuses !) et des toilettes.

Soyons honnêtes, le musée n’est pas le point d’orgue de la visite ; c’est un petit plus après avoir admiré les superbes pavillons et le temple à Confucius. Il permet tout de même d’obtenir de plus amples informations sur le complexe, et de mieux comprendre la promenade que l’on vient de faire. Il mériterait d’être un peu remanié, et que ses quelques pièces majeures soient mieux mises en valeur (je pense par exemple aux superbes costumes de cérémonie XIXe).
Somme toute, un petit musée agréable et pas trop mal entretenu, mais au potentiel inexploité. 

Liens utiles :
Un article sur les costumes des mandarins vietnamiens, paru en décembre 2006 dans la revue Good Morning
Un article américain de 1967 sur la pratique du confucianisme au Vietnam, sur sacred-texts.com

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