Kaléidoscope de musées et monuments de par le monde, entre muséologie comparée et tourisme iconographique.

dimanche 27 mai 2012

Eglise Notre-Dame-des-Anges, Pondichéry, Inde




Aussi appelée « Pink Church » en raison de sa peinture extérieure rose et blanche, Notre-Dame des Anges, bâtie entre 1851 et 1855 par Louis Guerre, siège au cœur du quartier français de Pondichéry, en face de la place Jeanne d’Arc.

 
A l’entrée, sur le portail, un panneau signale la présence de la VMF, Vieilles Maisons Françaises, une association française de sauvegarde du patrimoine, que je suis ravie de retrouver si loin de la métropole. L’apparence très neuve de la peinture suggère une église peinte et repeinte ; un choix amusant s’il est fait sous le regard d’une association impliquant une certaine idée de la conservation-restauration. Apparemment, l’aspect particulièrement brillant et lisse de cette façade est due à la recette employée, un mélange de coquille d’œuf et de plâtre. 
Renseignements pris, Les Amis du Patrimoine Pondichérien, association locale de sauvegarde et mise en valeur du patrimoine, ont entrepris sa restauration de septembre 2009 à mars 2011, et VMF ont subventionné une partie des travaux.

En entrant, on découvre un espace très frais en contraste de l’extérieur ensoleillé et écrasé de chaleur, aux teintes pastels, bleues, roses, jaunes, sorte de relecture indienne des couleurs du rococo allemand. 

 
















Les fenêtres ouvertes laissent circuler l’air et entrevoir les branches des frangipaniers en fleurs et le linge qui sèche dans le jardin de l’église. Je soupçonne ce dernier d’être habité, comme la plupart des bouts de jardin présents en ville. Les fenêtres ouvertes laissent aussi entrer les corbeaux, qui discutent dans l’église, l’un sur un ventilateur, l’autre sur une fenêtre, un troisième sur l’autel.

L’église présente un plan en croix latine ce qu’il y a de plus classique, une voûte à caissons en encorbellement, et un dôme surmontant la croisée du transept. Dans ce dernier, de belles stalles en bois. On peut admirer également le sol en marbre de l’église, qui forme un grand échiquier, et peut-être l’élément le plus sobre dans l’édifice.

L’évidence même en se promenant dans cette église, mais c’est en fait le cas dans la plupart des édifices religieux dans ce pays, c’est à quel point la foi est vivante. Les statues sont toutes parées et entourées d’offrandes ; pendant notre balade, un couple d’indiens est venu faire des dévotions devant chaque statue, sur laquelle ils frottaient une enveloppe scellée de résultats médicaux, pour la bénir avant de l’ouvrir. Les ventilateurs et les haut-parleurs confirment la fréquentation de l’église. En me documentant, je découvre un joli fait ; c’est la seule église de la ville où la messe est célébrée, tous les dimanches, en trois langues : tamoul, anglais et français.
 Copie de la Vierge de Velankanni, idole adorée dans le village du même nom, déclaré ville sainte par le Vatican, et très important sanctuaire marial. Cette Notre-Dame est adorée tant par les chrétiens que les hindous et les musulmans. 

Instant de couleurs dans le transept de l'église ; le soleil y joue une grande importance, puisqu'un de ses premiers rayons frappe l'autel chaque matin pour la première messe.

La force de la pratique religieuse et de la foi en Inde posent d’importantes questions aux acteurs de la conservation. A partir de quel moment un objet patrimonial doit-il sortir du culte pour favoriser sa conservation au nom de la perpétuation de la mémoire ? Le priver de sa fonction est-il le bon choix ? Est-il possible de concilier sauvegarde du patrimoine et liturgie vivante ?
Il est surement possible de réfléchir à des moyens de faire cohabiter ces deux valeurs au sein d’un même espace, si tant est qu’existe une volonté locale d’y réfléchir, et de mettre en place des aménagements dans ce but.
Dans ce cas précis, c’est surement la vie du bâtiment, et la continuité d’une tradition religieuse forte, qui ont permis d’intéresser les gens au sort de l’église et de motiver les restaurations.



Liens utiles :
Site des Amis du Patrimoine Pondichérien, avec le détail des restaurations de l'église

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